Communiquer avec les personnes atteintes de déficits cognitifs

La communication va bien au-delà des mots. Elle nous permet de témoigner notre amour, d’exprimer nos émotions et d’instaurer la confiance par différents moyens. Lorsque les déficits cognitifs entrent en jeu, la communication peut se compliquer, mais cela ne signifie pas que le lien est rompu. En faisant preuve de patience et en employant les stratégies appropriées, les interactions peuvent conserver toute leur profondeur.

Cet article offre des conseils bienveillants pour mieux composer avec ces changements. Nous explorerons pourquoi les déficits cognitifs affectent la communication, découvrirons des trucs pratiques pour améliorer les interactions quotidiennes et soulignerons l’importance des indices non verbaux.

Pourquoi la communication devient-elle difficile?

Les déficits cognitifs modifient la façon dont le cerveau traite le langage et l’information, ce qui peut affecter le discours et la compréhension. Ces changements sont souvent déroutants pour les proches, mais en gardant en tête qu’ils sont causés par des transformations physiques (plutôt que par l’entêtement ou des traits de caractère), on peut se montrer plus patients lors des conversations.

Il arrive qu’une personne atteinte de déficits cognitifs :

  • éprouve de la difficulté à trouver les bons mots;
  • pose plusieurs fois les mêmes questions ou raconte des histoires à répétition;
  • perde le fil de ce qu’elle dit au milieu d’une phrase;
  • interprète mal le ton, l’expression faciale ou les gestes.

Par exemple, une personne peut demander cinq fois en une heure « Quand allons-nous voir le médecin? », alors qu’on le lui a déjà dit. De son point de vue, chaque fois semble être la première. Les familles peuvent éviter de causer de la frustration en offrant une réponse rassurante et calme au lieu de souligner la répétition.

Comment les déficits cognitifs affectent-ils la compréhension?

La communication va au-delà des mots. En effet, la façon dont l’information est reçue importe également. Les déficits cognitifs ralentissent ou changent parfois le processus de réception de l’information des façons suivantes :

  • Traitement de l’information ralenti : Répondre à une question peut prendre plus de temps. Une pause de 20 à 30 secondes est normale et le fait d’interrompre la personne rapidement risque de la stresser.
  • Difficulté à comprendre les concepts abstraits : Un langage complexe ou symbolique, tel que l’emploi de métaphores, peut être déroutant. Une expression comme « Ne penses-tu pas qu’il faudrait jeter l’éponge? » pourrait être prise au pied de la lettre.
  • Réaction plus forte aux émotions qu’à la logique : Un ton doux et rassurant produit souvent un plus grand effet que les mots eux-mêmes.

Lorsque les déficits cognitifs évoluent, la communication non verbale, comme le ton, les gestes, le toucher et la présence deviennent plus importants que les mots. Un sourire chaleureux ou une main douce posée sur l’épaule peut signifier beaucoup plus qu’une longue explication.

Conseils de communication pour les interactions quotidiennes

Les familles et les proches aidants peuvent rendre les conversations plus simples et positives grâce à quelques petits ajustements. En voici quelques exemples :

  • Parlez lentement et clairement. Utilisez un ton calme et amical. Par exemple, dites « C’est l’heure du dîner, on mange de la soupe » au lieu de donner des consignes pressantes.
  • Employez des phrases courtes et des mots simples. Au lieu de dire « Penses-tu que tu aimerais te reposer avant de souper, ou préfèrerais-tu t’asseoir dehors jusqu’à ce que nous soyons prêts à manger? », demandez plutôt « Veux-tu te reposer ou t’asseoir dehors? »
  • Maintenez le contact visuel. Asseyez-vous face à la personne et regardez-la gentiment dans les yeux pour lui montrer votre présence et l’attention que vous lui portez.
  • Appelez la personne par son nom. Dire « John, allons faire une promenade » ancre davantage la personne dans le moment que « Allons-y ».
  • Posez une question à la fois. Se faire poser plusieurs questions en même temps peut être épuisant.
  • Évitez de corriger la personne ou d’argumenter. Si votre proche vous dit « Je dois aller travailler maintenant », au lieu de répondre « Tu es à la retraite depuis 20 ans », essayez plutôt « Veux-tu m’en parler? Qu’est-ce que tu préférais de ton travail? ».
  • Utilisez le langage non verbal. Un toucher doux, des hochements de tête et une posture détendue ont souvent plus de poids que les mots.

Même si les conversations ne coulent pas comme autrefois, votre patience et votre présence en disent long.



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pour découvrir comment une communication bienveillante peut rendre les interactions quotidiennes plus significatives pour les familles et les proches aidants.


Créer un environnement calme, axé sur le soutien

L’environnement où se déroule une conversation est important. Une personne vivant avec des déficits cognitifs peut se sentir submergée par le bruit ou distraite par le désordre. Les gestes suivants peuvent être posés pour adapter l’environnement et faciliter la communication :

  • Éteignez les sources de bruits de fond. Éteignez la télévision ou la radio pendant que vous discutez.
  • Asseyez-vous au niveau des yeux. Cela favorise un climat d’égalité et évite que la personne se sente intimidée.
  • Assurez-vous que l’environnement est bien éclairé. Les ombres et les pièces sombres peuvent intensifier la confusion.

Par exemple, un proche aidant remarque que la personne dont il s’occupe devient nerveuse pendant leurs discussions à l’heure du repas, lorsque la télévision est allumée. Quand il décide d’éteindre l’appareil et de s’assoir à la table en face d’elle, il constate que la conversation devient plus claire et plus paisible.

Un environnement adapté aide la personne à se sentir en sécurité, ce qui favorise les interactions de qualité. 

Comment agir lorsque la communication est trop difficile? 

Parfois, les interactions ne se passent pas comme prévu. C’est tout à fait normal. L’important est de créer un lien, et non d’avoir une conversation parfaite. Lorsque les mots ne viennent plus ou que la frustration monte, les stratégies suivantes peuvent aider :

  • Restez calme et patient. Un ton apaisant peut contribuer à désamorcer la tension.
  • Redirigez gentiment la conversation. Si parler de l’instant présent cause du stress, redirigez la conversation vers un sujet plus rassurant ou familier comme des souvenirs d’enfance.
  • Utilisez d’autres moyens de créer et d’entretenir le lien. La musique, les photos et les objets favoris peuvent apporter du réconfort lorsque les mots manquent.
  • Prenez des pauses. Parfois, s’éloigner un moment et revenir un peu plus tard permet de mieux repartir.

Pensons par exemple à une personne qui se frustre parce qu’elle n’arrive plus à se souvenir du jour de la semaine. Au lieu d’argumenter, le proche aidant peut rediriger la conversation en sortant un album photo et en disant : « J’aimerais que nous regardions ces belles photos ensemble ». Après quelques minutes, son anxiété devrait s’être apaisée.

Techniques de communication non verbale

La communication non verbale prend toute son importance à mesure que les déficits cognitifs progressent. Les familles et les proches aidants peuvent adopter les approches suivantes :

  • Ton de voix. Un ton doux et rassurant calme la peur, même si les mots ne sont pas compris.
  • Toucher. Lorsque ce geste est bien reçu, tenir la main peut apporter du réconfort et rassurer la personne.
  • Expressions faciales. Les sourires, les hochements de tête et un langage corporel ouvert sont des signes de sécurité et d’attention.
  • Aides visuelles. Les photos, les objets et les gestes permettent parfois de clarifier le sens des mots plus compliqués.

Parfois, ce sont les gestes les plus discrets qui en disent le plus. S’asseoir en toute tranquillité avec la personne et lui tenir les mains peut être aussi porteur de sens qu’une conversation.

S’adapter aux différents stades des déficits cognitifs

Puisque les déficits cognitifs évoluent au fil du temps, la communication doit également évoluer. Votre façon d’interagir lors du stade précoce sera sans doute différente de celle au stade avancé. En adaptant votre approche, vous vous assurez que votre proche se sent respecté, soutenu et compris à toutes les étapes de son parcours.

Stade précoce : instaurer la confiance et le respect

Pendant le stade précoce, les personnes atteintes de déficits cognitifs sont souvent encore capables de communiquer plutôt bien, mais elles peuvent avoir du mal à trouver les bons mots, se répéter ou perdre le fil des conversations. Elles savent généralement que quelque chose est en train de changer, ce qui peut les rendre mal à l’aise.

Les approches suivantes peuvent aider :

  • Laissez le temps à la personne de trouver ses mots. Ne vous précipitez pas pour terminer ses phrases.
  • Faites gentiment des suggestions si elle bute sur un mot : « Cherches-tu le mot jardin? Tu aimes y passer du temps. »
  • Abordez des sujets de conversation familiers, comme les passe-temps, la famille ou des expériences du passé.Pratiquez l’écoute active et validez les sentiments de la personne si elle exprime des inquiétudes au sujet des changements touchant sa mémoire.

Scénario : Un père s’arrête de parler au milieu d’une phrase, essayant de se rappeler le nom de son émission télévisée préférée. Au lieu de lui donner rapidement la réponse, sa fille attend, sourit, et dit : « C’est tous les mardis soir… est-ce que ça t’aide? » Grâce à cet indice, il s’en souvient par lui-même et demeure confiant.

Stade modéré : établir une structure et rassurer

Lorsque les déficits cognitifs progressent, les défis communicationnels s’accentuent. À ce stade, certaines personnes oublient souvent des mots, ont du mal à suivre les conversations ou deviennent de plus en plus frustrées. L’emploi d’instructions détaillées et d’indices visuels devient essentiel dans ce contexte.

Les approches suivantes peuvent aider :

  • Divisez les tâches en plusieurs petites étapes claires : « Premièrement, on va mettre nos chaussures. Ensuite, on ira dehors. »
  • Utilisez des indices visuels, par exemple en pointant des objets ou en montrant des photos.
  • Répétez les informations calmement lorsque nécessaire, sans vous montrer frustré.
  • Respectez les routines familières et abordez des sujets connus pour éviter la confusion.

Scénario : Une personne oublie comment se brosser les dents. Le proche aidant, souriant, lui montre à le faire en tenant une brosse à dents et en la guidant doucement, étape par étape. En lui donnant des instructions simples de manière positive, il aide la personne à accomplir la tâche, dans le respect de sa dignité.

Stade avancé : se concentrer sur le lien émotionnel

Au stade avancé, il se peut que le langage soit très limité ou qu’il disparaisse complètement. La communication prend alors souvent des formes non-verbales, mais entretenir un lien profond est encore possible et extrêmement important.

Les approches suivantes peuvent aider :

  • Utilisez le toucher, la musique et la présence pour vous rapprocher de la personne. Lui tenir la main, lui caresser doucement le bras ou fredonner un air familier peut l’aider à vous reconnaître.
  • Portez une attention particulière aux expressions faciales, au langage corporel et au ton de voix. Ces signes indiquent souvent des besoins ou des émotions.
  • Parlez doucement, lentement et chaleureusement, même si vous n’êtes pas certain que vos paroles sont comprises.
  • Célébrez les petits moments où un lien a été établi, que ce soit par un sourire, un contact visuel ou une main serrée.

Scénario : Une femme atteinte de déficits cognitifs à un stade avancé ne répond plus lorsqu’on lui pose des questions, mais quand son proche aidant fait jouer la chanson de son mariage, elle commence à claquer des doigts et sourit. Même si aucun mot n’est échangé, le moment crée un lien fort et permet d’exprimer une forme de reconnaissance.

Soutien à la famille et aux proches aidants

Pour la famille, il est souvent douloureux de ne plus avoir de conversations « normales ». C’est comme si une porte se fermait lentement sur une relation jadis familière. Il est normal qu’une forme de deuil accompagne ces changements, ce qui peut se traduire par des sentiments de frustration, de tristesse ou même de culpabilité.

L’important est de se rappeler que la communication, quoique différente, est encore tout à fait possible. Toutes les interactions comptent, même si elles sont brèves, non conventionnelles ou qu’elles passent davantage par les sourires que les mots. En général, la validation importe plus que la correction des détails. Et par-dessus tout, la personne que vous aimez est encore là, même si ses mots ne sont pas toujours accessibles.

Cela dit, jouer le rôle de proche aidant peut être épuisant. Les familles, souvent rongées par l’inquiétude, se demandent si elles en font assez ou si leur proche est réellement en sécurité et bien soutenu. C’est dans ce contexte que les soins professionnels pour perte cognitive sont d’une aide inestimable.

Les programmes de soins pour perte cognitive de Chatwell sont conçus spécifiquement pour les personnes vivant avec des déficits cognitifs. Dans nos résidences qui offrent ces soins, les aînés bénéficient des caractéristiques suivantes :

  • Un environnement sécurisé et bien aménagé, où la confusion et l’anxiété sont atténuées.
  • Du personnel formé sur la façon d’offrir des soins aux personnes atteintes de déficits cognitifs et en stratégies de communication.
  • Des routines quotidiennes structurées et des activités récréatives qui favorisent le bien-être, l’engagement et le respect de la dignité.
  • La participation active de la famille, afin que les proches demeurent pleinement impliqués dans le parcours de soins.

Les familles nous confient souvent que le déménagement de leur proche dans une résidence offrant des soins pour perte cognitive leur a apporté la tranquilité d’esprit.

Si vous avez du mal à communiquer avec un proche vivant avec des déficits cognitifs, gardez en tête que vous n’avez pas à surmonter ces défis seul. Les résidences Chartwell offrant des soins pour perte cognitive disposent de l’expertise et de la bienveillance nécessaires pour améliorer la vie de votre proche, et la vôtre.

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Prendre soin d’une personne vivant avec des déficits cognitifs peut sembler épuisant, mais vous n’êtes pas seul dans ce parcours. Ce guide complet sur les déficits cognitifs destiné aux proches aidants fournit des conseils pratiques, des astuces pour communiquer avec empathie et des approches éprouvées pour vous aider à soutenir les personnes que vous aimez avec confiance et dans le respect de leur dignité.

Ce guide comprend :

  • des explications claires sur les effets des déficits cognitifs sur la vie quotidienne et les relations;
  • des conseils pratiques sur la communication, les routines et les soins;
  • des recommandations pour préserver l’identité de la personne touchée, sa joie de vivre et ses liens sociaux.
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Cet article est destiné à des fins éducatives seulement et ne remplace en aucun cas l’avis d’un médecin. Consultez toujours un professionnel de la santé qualifié pour obtenir des conseils adaptés à votre situation.