
La semaine dernière, j’ai croisé un ami octogénaire à une exposition d’art en plein air. Il m’a dit qu’il se sent seul depuis que sa femme est décédée l’année dernière, qu’il a des problèmes de mobilité et qu’il a du mal à entretenir sa maison de deux étages. L’hiver dernier, il étudiait les possibilités s’offrant à lui. J’ai donc été surprise de l’entendre dire : « Je vais rester chez moi, coûte que coûte! Pas question de déménager, surtout maintenant. »
Nous avons pris un café et avons discuté de ce qui l’a poussé à changer d’idée. C’était essentiellement la peur viscérale qu’il éprouvait jour après jour en regardant les nouvelles sur la pandémie de COVID-19 et les reportages sur les décès tragiques dans les centres de soins de longue durée. Ces événements ont évidemment incité les aînés à soupeser encore plus attentivement le pour et le contre avant de décider de rester à la maison ou de vivre en résidence.
Selon un sondage du National Institute on Aging de l’Université Ryerson mené l’an dernier, près de 70 % des répondants de 65 ans et plus préféraient continuer à vivre dans leur domicile. J’ai récemment discuté avec des collègues de partout en Amérique du Nord, et nous estimons que ce pourcentage est plus élevé que ce que le sondage nous révèle.
Est-ce réaliste de rester chez soi à tout prix? En vérité, cela dépend des besoins et des désirs uniques de chacun. De nombreux facteurs sont à considérer.
Silver Sherpa offre des services professionnels personnalisés de planification et de coordination aux aînés, qui se trouvent souvent dans des situations complexes. En tant que conseillers indépendants, nous donnons à nos clients l’information dont ils ont besoin pour faire leurs propres choix et les aidons à établir un plan. Il est important d’aider les personnes qui souhaitent rester chez elles à :
- dresser un portrait réaliste de leurs besoins actuels et futurs
- ne pas tenir pour acquis qu’il est plus sécuritaire de rester à la maison tout en recevant des soins
- calculer le coût global des soins et déterminer qui gérera les soins à mesure que leurs besoins augmenteront
- travailler avec des conseillers financiers et juridiques sur un plan de succession complet, notamment pour déterminer comment les actifs peuvent couvrir les frais de subsistance, effectuer une planification fiscale et rédiger des procurations et un testament.
Bref, la décision de rester à la maison ou de vivre en résidence devrait être prise après mûre réflexion sur les besoins actuels et futurs en matière de soins, le soutien et les aspects financiers et juridiques du plan de succession.
Lors de notre conversation, mon ami s’est généreusement ouvert à moi et m’a parlé de certaines des raisons pour lesquelles ses amis et lui ne veulent pas vivre en résidence, ne serait-ce que temporairement pour voir si cela leur convient. Avant d’encourager quelqu’un à voir les choses sous un autre angle, il faut mettre un terme aux idées préconçues. Voici quelques exemples :
- Au Canada, la définition des « soins de longue durée » prête à confusion. Les reportages sur la COVID-19 n’ont pas fait la distinction entre les centres de soins de longue durée (SLD) et les résidences pour aînés.
L’analyse éclair de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) de juin 2020 sur la COVID-19 au Canada souligne que les données devraient être interprétées avec une « extrême prudence » en raison de l’« évolution rapide du nombre de cas ainsi que des différences quant à la définition des SLD » partout au Canada. Les données ne sont pas définies et recueillies de manière standardisée. Les données en matière de SLD communiquées englobaient les établissements de soins en hébergement avec des soins infirmiers offerts en tout temps et les établissements avec moins de soins, comme les maisons de retraite et les résidences avec services. Cette confusion a engendré de la peur et l’incompréhension. Il est encore difficile de trouver un rapport qui explique clairement la différence entre la situation en résidence et celle en centre de SLD. - Ce n’est pas sécuritaire de vivre en résidence pendant la pandémie de COVID-19.
Certaines résidences ont été aux prises avec d’importantes éclosions de COVID-19 durant les premiers mois de la pandémie, mais beaucoup ont réagi rapidement pour protéger les résidents et le personnel. L’Office de réglementation des maisons de retraite confirme que 44,22 % des résidences n’ont signalé aucune éclosion de COVID-19. Pour aider les clients à s’y retrouver, il est utile de décomposer les différents aspects de la question. Par exemple, lorsque nous étudions des résidences, nous nous assurons qu’elles soient bien gérées et munies de politiques précises pour lutter contre les infections. Nous encourageons nos clients à poser des questions de base, notamment à propos des éclosions, des niveaux de dotation, de la formation du personnel et des procédures de contrôle des infections. Le meilleur conseil que nous puissions donner à nos clients, c’est de chercher d’abord à comprendre et d’être prêts à écouter. C’est ainsi qu’ils pourront prendre une décision éclairée. - C’est trop cher de vivre en résidence.
Les conseillers en location qui lisent cet article souriront, car ils comparent régulièrement les coûts de la vie à la maison à ceux de la vie en résidence. Pour creuser la question, nous incluons également les coûts moins tangibles. D’une part, il y a par exemple le coût en temps et en argent pour une fille qui se rend chez un parent chaque semaine afin d’en prendre soin et de lui apporter des repas, ainsi que le temps nécessaire pour coordonner les rendez-vous médicaux et rassembler toutes les informations dans un seul dossier facile d’accès. D’autre part, il y a des avantages à faire partie de la communauté d’une résidence plutôt que de vivre seul.
Il est difficile de décider s’il vaut mieux rester à la maison ou vivre en résidence durant une pandémie. En tant que conseillers de confiance, nous nous engageons à donner des conseils en planification impartiaux à nos clients. Il faut mettre un terme aux idées préconçues sur la vie en résidence pour que les gens puissent prendre la meilleure décision pour eux. Nous valorisons les conversations ouvertes et honnêtes et ne perdons pas de vue que changer une idée préconçue grâce à de nouvelles informations valides est un super pouvoir.