
« Mon parent vieillissant s’emporte de façon inattendue depuis que nous avons décidé ensemble qu’il emménagerait dans une résidence pour retraités, et cela me fait de la peine. Que puis-je faire? »
J’ai travaillé de près avec de nombreux aînés et leurs enfants d’âge adulte en pleine transition de vie. Dans certains cas, ces derniers m’ont fait part de leur surprise ou de leur tristesse lorsque leur parent avait des réactions ambivalentes ou inattendues au cours d’une transition, surtout lorsque celui-ci avait pleinement pris part à la décision finale.
Je tiens à vous rappeler qu’il n’est pas rare qu’un parent âgé exprime un mélange de pensées, d’émotions et de sentiments variés pendant une période de changement et de nouveauté. Durant une transition de vie, ce qui a pu être résolu sur le plan pratique ne l’est peut-être pas sur le plan affectif. Le cheminement émotionnel est souvent beaucoup plus long.
Même lorsqu’une décision a été prise et mise en application, votre parent peut encore être en proie à des sentiments mitigés. Par exemple, dans le cas d’un changement de logement, votre parent pourrait devoir faire le deuil de sa maison. Même s’il sait qu’il est temps de déménager, il pourrait avoir besoin de temps pour surmonter la perte de sa demeure et faire face aux appréhensions qu’il pourrait avoir à l’idée de déménager dans un nouvel environnement qui suppose toutes sortes de changements. De votre côté, aider votre parent à planifier son déménagement peut apaiser la peur ou les inquiétudes que vous causait sa situation. Mais pour votre parent, cette planification peut amorcer son processus de deuil. Voyez les choses ainsi : le processus émotionnel d’une personne prend fin alors que celui de l’autre commence.
Certains parents peuvent parfois « se défouler » sur leur enfant d’âge adulte : c’est une réaction qui peut accompagner des difficultés émotionnelles comme la tristesse, la peur ou un sentiment de perte. Il est possible que vous trouviez cette situation très pénible : vous faites de votre mieux pour aider votre parent à avoir la meilleure qualité de vie possible, mais il déverse sa colère ou sa frustration sur vous.
Voici quelques idées qui peuvent vous aider à mieux gérer les réactions difficiles d’un parent :
Tout d’abord, essayez de ne pas vous sentir visé par les réactions. C’est souvent plus facile à dire qu’à faire. Cependant, si vous pouvez prendre du recul par rapport aux aspects pratiques de la décision et reconnaître toute la gamme d’émotions que vit votre parent, il sera plus facile de voir que ses réactions n’ont pas grand-chose à voir avec vous. N’oubliez pas que vous êtes probablement la personne en qui il a le plus confiance et que c’est pour cette raison que vous voyez surgir ces émotions difficiles.
Durant une transition comme un déménagement, il est également important de savoir si votre parent en est aux premiers stades de troubles cognitifs. Un déménagement peut amplifier sa confusion et l’inciter à réagir plus vivement avec vous. Ce qui est déjà difficile pour une personne ayant toutes ses capacités peut être beaucoup plus difficile pour une personne ayant des troubles cognitifs.
Trouvez du soutien pour vous-même. D’autres membres de la famille peuvent vous aider à gérer les réactions d’un parent; par ailleurs, vous pourriez aussi avoir besoin du soutien d’un ami qui n’est pas impliqué émotionnellement.
Rappelez-vous que l’empathie est généralement gagnante! Les gens ont souvent un raisonnement factuel pour régler des questions fondées sur des émotions. Dans la mesure du possible, évitez d’aborder l’aspect logique et exprimez de l’empathie sur la façon dont la décision peut avoir un impact émotionnel sur votre parent. J’ai appris cette leçon lorsque mon propre père a cessé de conduire. Je lui ai énuméré toutes les raisons logiques pour lesquelles il pourrait toujours répondre à ses besoins de transport sans avoir à conduire lui-même. Toutefois, ce dont il avait besoin n’était pas une réponse rationnelle; mais que je fasse preuve d’empathie face à sa nouvelle situation, et que je comprenne tout ce que la conduite représentait pour lui, notamment son autonomie. Quand j’ai finalement saisi cela et que j’ai réagi avec empathie, la frustration et l’irritation de mon père se sont dissipées. Il avait seulement besoin que je l’écoute et que je le comprenne, sans lui dire que ses sentiments étaient injustifiés parce qu’il était préférable qu’il ne conduise pas!
Exprimez vos sentiments. Lorsque ceci est possible et approprié, expliquez à votre parent ce que ses réactions vous font ressentir. L’objectif n’est pas de le culpabiliser, mais de veiller à ce que tout le monde comprenne que ces décisions peuvent être difficiles pour toutes les personnes concernées, et que chacune d’entre elles a besoin de se sentir écoutée et comprise. Au besoin, faites appel à un tiers neutre qui pourrait vous aider à mieux comprendre ce que chacun d’entre vous ressent.
Il peut être déconcertant de voir votre parent retourner sa frustration ou sa colère contre vous lorsque vous progressez dans une décision qui, de l’avis de tous, semblait être la meilleure option. Rappelez-vous que les émotions et la logique évoluent à des rythmes différents, et trouver des moyens positifs de gérer les réactions ostiles de votre parent peut faciliter la transition, pour lui comme pour vous.