
Il peut s’avérer émotionnellement pénible pour un enfant d’âge adulte d’avoir une discussion avec l’un de ses parents à propos des finances de celui-ci. Vous craignez peut-être que maintenant ou plus tard, votre parent manque d’argent; ou bien vous vous inquiétez de sa capacité actuelle ou future à gérer ses finances. Cependant, selon la manière dont vous abordez la question, votre parent pourrait avoir l’impression que vous vous mêlez de ce qui vous ne regarde pas, ou que vous insinuez qu’il n’est pas assez compétent pour gérer ses propres affaires.
Compte tenu de toutes les émotions que suscite l’argent, comment en tant qu’enfant d’âge adulte, mettre toutes les chances de votre côté pour avoir une conversation efficace et harmonieuse sur les finances?
Abordez le sujet respectueusement
Il est préférable d’envisager la première conversation du point de vue de votre parent. Commencez par le rassurer et lui dire que vous n’essayez pas de vous ingérer dans ses affaires. Dites-lui plutôt que votre objectif est de veiller à son indépendance et à sa qualité de vie. Toutefois, pour que vous puissiez l’aider si le besoin se présente, il y a certaines informations financières de base qu’il est important que vous sachiez. Si vous ne savez pas si votre parent a un mandataire désigné par procuration, le fait de lui poser la question constituera une bonne façon d’amorcer la discussion. Toute personne adulte doit désigner par procuration un mandataire pour s’occuper de ses finances en cas d’invalidité cognitive ou physique.
Vous pourriez briser la glace en disant : « Maman, si le besoin se présente un jour, à qui pensais-tu confier tes finances? » Si vous savez pertinemment que vous êtes le mandataire désigné, cela vous permet d’exprimer que vous voulez simplement vous assurer de comprendre en quoi consistent ses finances et la façon dont elle voudrait que vous les gériez, s’il y a lieu de le faire un jour. Il est possible qu’elle écarte le sujet du revers de la main, en vous disant que pour le moment « tout va bien » et qu’elle vous fera signe plus tard si cela est nécessaire. Cela sera tout de même une bonne occasion de lui rappeler (et de vous rappeler!) que c’est justement quand tout va bien qu’il faut avoir ce genre de conversation. Quand on attend que les choses se gâtent, il est souvent trop tard.
Amorcez une conversation
Lors d’une conversation, parlez de votre propre mandataire ou dites que vous songez à en désigner un. Ainsi, plutôt que de mettre votre parent « sur la sellette » à propos de ses finances, vous orienterez la conversation sur le fait que tous les adultes doivent prendre les dispositions qui s’imposent, peu importe leur âge.
Offrez votre aide au besoin
Vous craignez que votre parent ne paye pas ses factures ou qu’il vous cache des problèmes financiers? Demandez-lui si vous pouvez l’aider dans la gestion quotidienne de son argent. Il est important de le rassurer en lui disant qu’il restera maître de son argent et que vous aurez des conversations régulières avec lui pour le tenir informé de la situation. Si votre parent a recours aux services bancaires en ligne, il peut vous donner l’autorisation d’utiliser ses informations de connexion afin que vous puissiez faire le suivi de ses comptes et de ses paiements de factures. S’il n’effectue pas d’opérations en ligne, peut-être acceptera-t-il que vous le fassiez à sa place, tout en le tenant au courant. Encore une fois, montrez-vous rassurant en lui disant que votre objectif est de soutenir son indépendance, et non de l’en priver.
Il est important de parler avec votre parent si vous doutez qu’il ait assez d’argent pour maintenir son niveau de vie ou encore s’il pourra se permettre le soutien supplémentaire dont il pourrait avoir besoin à l’avenir. Ce peut être une situation difficile et embarrassante, qu’il faut aborder avec d’autant plus de douceur et de respect. Si aucune solution ne se présente d’emblée, vous pourriez, avec l’autorisation de votre parent, consulter un professionnel des finances qui vous aidera à débroussailler la situation ensemble.
Quel est le bon moment pour parler de finances avec un parent qui prend de l’âge? Plus tôt vous avez ces conversations, plus vous êtes susceptible d’éviter une crise, ou un bouleversement important. Pour adoucir le processus, songez à prévoir plusieurs conversations plutôt qu’une seule. Une fois le sujet des finances amorcé, il est en général plus facile de l’aborder par la suite. Dans la plupart des cas, les résultats valent largement le malaise qui peut s’installer au départ. Il faut simplement garder à l’esprit qu’il s’agit d’un exercice d’équilibriste entre le désir de préserver la dignité de son parent et celui de protéger son argent en vue d’assurer ses intérêts.
La Dre Amy est conseillère certifiée auprès des aînés, vice-présidente de la Fédération internationale du vieillissement et cofondatrice de l’Essential Conversations Project. Travailleuse sociale auprès des aînés, elle œuvre auprès d’eux et de leurs familles depuis plus de 30 ans.