Une de mes clientes, Ginette*, m’a récemment appelée parce qu’elle se sentait à bout de souffle. Elle s’occupe de ses parents malades, qui vivent encore dans leur maison; son père est atteint de la maladie de Parkinson, et sa mère souffre de divers problèmes de santé. Ginette savait qu’il faudrait bientôt prendre d’importantes décisions en matière de logement et de soins et elle se sentait dépassée par la situation.

Je lui ai demandé si d’autres membres de sa famille pouvaient l’aider à s’occuper de ses parents. Elle m’a répondu qu’elle a une sœur, Marta*, qui vit à plusieurs heures de route de chez eux. Elles ont une bonne relation, mais Ginette se sentait de plus en plus frustrée de devoir assumer à elle seule la responsabilité de prendre soin de ses parents.

Comme beaucoup de personnes dans sa situation, Ginette se décrit comme l’aidante naturelle attitrée de sa famille et déplore de ne pas recevoir d’aide de la part des autres membres de la famille, ceux qui demeurent loin plus particulièrement. Je lui ai suggéré de se considérer plutôt comme l’aidante principale dans la famille que comme la seule aidante. Cette nouvelle façon de voir les choses permet d’avoir une conversation très différente entre elle et Marta, où il s’agirait de jouer toutes les deux un rôle actif auprès de leurs parents.

J’ai demandé à Ginette de dresser la liste de tout ce qu’elle fait pour aider ses parents, afin que nous puissions en discuter. Lorsque nous avons passé sa liste en revue, j’ai suggéré différentes façons pour Marta de devenir une aidante « à distance », notion dont je suis très familière, puisque c’est de cette manière-là que j’ai pris soin de mes parents durant de nombreuses années.

Ginette a réalisé que sa sœur pourrait faire les choses suivantes :

• Gérer les finances de leurs parents (opérations bancaires et paiement de factures en ligne);
• Appeler régulièrement leurs parents pour leur apporter un soutien affectif;
• Appeler régulièrement Ginette pour prendre des nouvelles de leurs parents et lui offrir du soutien affectif;
• Participer avec elle et leurs parents aux réflexions concernant les plans d’avenir et les questions de logement;
• Prendre les rendez-vous médicaux et de physiothérapie;
• Organiser le transport de leurs parents pour leurs rendez-vous;
• Utiliser ses congés pour permettre à Ginette de souffler un peu; cela donnerait aussi l’occasion à Marta de se faire une idée plus réaliste des besoins de leurs parents. C’est un peu comme visionner un film plutôt que de simplement regarder une photo. Lorsque des membres de la famille viennent en visite pour quelques heures ou une seule journée, ils se font souvent une idée erronée du quotidien de leurs parents âgés, puisqu’ils n’en ont qu’un bref aperçu. Une visite prolongée permet de se faire une idée plus juste de la réalité, comme si on regardait plusieurs scènes d’un film au lieu d’une seule.

Ginette a commencé à se sentir moins accablée, sachant que Marta pouvait s’occuper de certaines choses. Je lui ai suggéré d’appeler sa sœur pour lui confier qu’aider leurs parents exigeait de plus en plus de temps, qu’elle se sentait épuisée et qu’elle avait vraiment besoin d’un coup de main. Ginette a été surprise d’entendre que Marta ne se rendait pas du tout compte qu’elle avait besoin d’aide, Ginette semblant toujours avoir les choses bien en main! Il s’agit d’un scénario typique chez les aidants naturels principaux : lorsqu’ils avouent à leurs frères et sœurs qu’ils ont besoin de soutien, ils constatent que ces derniers n’avaient aucune idée de la difficulté qui était vécue. À mon avis, c’est parce qu’ils supposent généralement que s’ils n’ont pas de nouvelles, c’est que tout va bien. C’est pourquoi il est si important de tenir les membres de sa fratrie bien informés de la situation.

Bien entendu, ce ne sont pas tous les frères et sœurs qui offriront leur aide aussi volontiers que Marta. Il faut cependant leur en donner la chance; ce qui signifie, dans un premier temps, de les informer des besoins changeants de leurs parents en matière de soins et de leur faire part de vos préoccupations. Il vous faudra aussi parfois demander de l’aide pour des tâches bien précises.

Grâce à la technologie, il est désormais plus facile de s’occuper à distance de parents qui avancent en âge. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les aidants naturels comme Ginette qui ont besoin de se décharger de certaines responsabilités. Demandez-vous si les membres de votre famille qui habitent loin pourraient vous aider, puis – étape essentielle! – parlez-en avec eux.

*le nom a été modifié pour des raisons de confidentialité