
Toutes les personnes avec qui je parle du fait de vieillir me disent que le moment venu, elles veulent continuer de prendre leurs propres décisions quant à l’endroit où elles souhaitent vivre et à la manière dont elles entendent le faire. Or, quand je leur demande si elles ont pris des dispositions pour s’assurer d’avoir la vie qu’elles désirent lorsqu’elles seront âgées, très peu d’entre elles ont entrepris la planification nécessaire. Je pense qu’il est très important de planifier ses années de retraite, car c’est ainsi que l’on évitera de ne faire que réagir aux changements qui se produiront alors, et qui peuvent être importants. Autrement dit, le fait de prendre les devants augmente considérablement les chances que nous obtenions ce que nous voulons en vieillissant. Voici un processus efficace en trois parties pour planifier ses années de retraite : pratiquer la contemplation, s’adjoindre des partenaires de réflexion et communiquer ses besoins et ses volontés à ses proches.
Pratiquer la contemplation : Cette première étape du processus requiert de l’introspection et vise à établir clairement ce qui est important pour nous en vieillissant. Je vois cette étape comme des conversations essentielles que nous tenons avec nous-mêmes. Pour la plupart d’entre nous, il est difficile d’imaginer notre vie différemment de ce qu’elle est maintenant. Malgré cela, nous savons qu’en vieillissant, il arrive souvent que notre état de santé ou notre mobilité ne soient plus les mêmes. Il n’est pas rare non plus que des changements se produisent dans les relations. Par exemple, le conjoint peut avoir des ennuis de santé ou un ami très cher peut déménager ailleurs. Une façon d’aborder cette réflexion sur notre avenir est de se poser la question suivante : « Si mon état de santé ou ma mobilité, ou ceux d’une personne que j’aime changeaient, que pourrais-je faire différemment? »
En répondant à cette question, on est amené à explorer les différentes options possibles. Pensez à l’endroit où vous voudriez vivre et à la manière dont vous pourriez le mieux continuer à bénéficier d’une excellente qualité de vie si vous aviez un important problème de santé. Pensez-vous que vous voudriez rester dans votre maison? Qui s’occuperait alors des tâches domestiques quotidiennes et de vos besoins personnels si vous ne pouviez plus le faire vous-même? Et qu’en serait-il des travaux d’entretien de la maison? Commencez à évaluer les options qui aideraient à répondre à ces questions à mesure que vous vieillirez, afin d’avoir un plan d’action pour de telles circonstances.
S’adjoindre des partenaires de réflexion : Les « partenaires de réflexion » sont les gens qui sont le plus à même de vous écouter, de vous dire ce qu’ils pensent, de vous donner des idées ou encore de vous apporter un regard différent sur la situation, habituellement sans avoir une part importante dans le processus de décision. En gardant à l’esprit cette définition, vous pourrez établir qui est le plus apte à vous aider à faire le tri dans les nombreuses idées que vous pourriez avoir à mesure que vous réfléchissez à ce que vous voulez pour les prochaines étapes de votre vie. Vous en parlerez peut-être à vos enfants, à un frère ou une sœur, à un bon ami ou à un professionnel en qui vous avez confiance. Il est fort probable que vous devrez en parler avec plusieurs personnes durant ce processus, et chacune d’elles pourrait vous offrir des pistes de réflexion différentes qui vous aideront à préciser comment vous voulez vivre et à déterminer les moyens permettant d’y arriver.
Communiquer vos besoins et vos désirs : La dernière étape de ce processus de planification consiste à faire part à vos proches de vos besoins et de vos désirs pour vos années de vieillesse. Ces conversations essentielles doivent impérativement faire partie de la préparation de notre avenir. Plus qu’à tout autre moment de notre vie d’adulte, c’est durant notre vieillesse que nous aurons peut-être besoin de l’aide des autres pour mettre à exécution ce que nous avons prévu. Plus tôt nous faisons savoir ce que nous voulons à ceux que nous aimons, plus ils seront susceptibles de nous appuyer si nous avons besoin d’eux par la suite. Cette communication se fait rarement à sens unique. En effet, nos proches nous feront sans doute aussi part de leurs opinions sur la question. N’oubliez pas que nous avons tous besoin de temps pour intégrer l’information et que certains le font plus lentement que d’autres. C’est pourquoi ces conversations essentielles s’inscrivent généralement dans un dialogue qui évolue, plutôt que dans une discussion où tout est « réglé du premier coup ». Quand les gens me demandent à qui ils devraient parler de ce qu’ils envisagent pour leurs années de retraite, je leur propose de se tourner non seulement vers les personnes qui pourraient les aider à mettre ce qu’ils projettent à exécution, mais également vers celles qui risquent, le temps venu, de perturber ces projets. En en discutant maintenant, on peut éviter des tracas plus tard?!
Il est véritablement possible de continuer à vivre une vie satisfaisante en vieillissant, et la meilleure façon d’y parvenir est de planifier en conséquence dès maintenant?!
À propos de Docteure Amy D’Aprix
Docteure Amy est conseillère principale certifiée, vice-présidente de la Fédération internationale du vieillissement et cofondatrice de Essential Conversations Project. Travailleuse sociale auprès des aînés, elle œuvre auprès d’eux et de leurs familles depuis plus de 30 ans.