Lorsqu’on demande aux gens ce qui compte vraiment pour eux en vieillissant, ils répondent presque toujours qu’il faut garder le contrôle de sa vie et prendre ses propres décisions, l’autonomie et la liberté de choix étant des valeurs très chères à tous, peu importe l’âge. J’ai récemment eu la chance de discuter avec une personne qui voulait s’assurer de vieillir en conservant sa liberté de choix et son autonomie, et je crois que nous pouvons tous tirer de grandes leçons de son histoire.

Mary* est une femme de 81 ans qui vit seule depuis le décès de son mari survenu il y a quinze ans. Environ trois ans plus tard, elle a vendu la maison familiale, dans laquelle ils ont élevé leurs enfants, et a emménagé dans une copropriété afin d’avoir moins de responsabilités et d’entretien à faire. Elle a fait plusieurs voyages avec des amis et a passé beaucoup de temps avec ses enfants et ses petits-enfants. Une de ses filles vit à Vancouver, son fils, à Calgary et son autre fille, près d’elle à Ottawa.

Mary est une femme très autonome qui a beaucoup de champs d’intérêt et d’amis. Lors de notre discussion, elle m’a dit qu’elle avait pris la décision de déménager dans une résidence pour retraités. Je lui ai demandé ce qui avait motivé sa décision, puisqu’elle vivait déjà dans une copropriété nécessitant peu d’entretien. Elle m’a raconté qu’elle avait pris soin de ses parents vieillissants et qu’elle avait tiré de grandes leçons de leur expérience. Ses parents sont restés dans la maison où ils avaient vécu toute leur vie, et leur univers s’est rétréci au fur et à mesure que leurs amis déménageaient ou décédaient. Dans les dernières années, il était devenu difficile pour eux de sortir de la maison en raison de leurs problèmes de santé. Mary et son frère sont alors devenus leurs premiers aidants et les principales personnes avec qui ils avaient un contact. Elle m’a dit qu’elle ne voulait pas que ses enfants vivent la même chose, qu’elle ne voulait pas dépendre d’eux pour ses relations sociales ou ses soins. Et elle ne voulait pas que son univers se rétrécisse en vieillissant.

Je lui ai alors demandé pourquoi elle déménageait maintenant, alors qu’elle était visiblement encore en bonne santé et mobile. Elle m’a répondu que c’était justement la raison : elle voulait le faire au moment où elle pouvait en prendre elle-même la décision et où elle avait encore la possibilité de se créer une vie enrichissante et remplie, de rencontrer de nouvelles personnes et de participer à des activités. Elle m’a parlé d’une dame qui a vécu dans le même immeuble de copropriété qu’elle jusqu’à l’âge de 94 ans. Elle avait ensuite déménagé dans une magnifique résidence pour retraités avec beaucoup d’activités, d’excellents repas et de nombreuses personnes intéressantes et amusantes. Le problème était que son amie avait attendu si longtemps qu’elle ne pouvait plus profiter de la majorité des activités offertes. Quand Mary lui a rendu visite, son amie lui a avoué qu’elle regrettait de ne pas avoir déménagé dix ans plus tôt. Mary a alors pris la décision de ne pas faire la même erreur.

Après cette visite, Mary a passé un certain temps à réfléchir au mode de vie qu’elle voulait avoir en vieillissant et a visité plusieurs résidences pour retraités afin de trouver celle qui lui convenait le mieux. En fait, elle n’a pas que fait des visites, elle a demandé à participer à des activités afin de rencontrer les résidents. Et, évidemment, elle a pris quelques repas avec eux. Elle a ensuite appelé chacun de ses enfants pour leur faire part de sa décision.

Quand je lui ai demandé comment elle se sentait à propos du déménagement, elle m’a répondu : « Je suis fébrile. Je pense que la transition sera facile pour moi. Je prévois que, pour un bon bout de temps encore, je vais pouvoir faire la plupart des choses que je fais actuellement, en plus de pouvoir essayer de nouvelles choses et de rencontrer des gens. Je vois cela comme le début d’un nouveau chapitre de ma vie. Mais le mieux, c’est que c’est ma décision. »

Mary a fait tout naturellement ce que je dis aux gens de faire pour garder le contrôle de leur vie : elle a réfléchi au type à la vie qu’elle voulait en vieillissant, a exploré les options qui s’offraient à elle et a fait un plan qui l’aidera à créer cette vie, tout en parlant de sa décision aux personnes qu’elle aime. Agir de façon proactive est le meilleur moyen que je connaisse de nous assurer de garder le contrôle et notre liberté de choix à mesure que nous prenons de l’âge.

*Le nom a été modifié par souci de confidentialité.

À propos de Docteure Amy D’Aprix

Docteure Amy est conseillère principale certifiée, vice-présidente de la Fédération internationale du vieillissement et cofondatrice de Essential Conversations Project. Travailleuse sociale auprès des aînés, elle œuvre auprès d’eux et de leurs familles depuis plus de 30 ans.