
J’ai eu l’occasion de travailler avec de nombreux couples d’aînés dans lesquels l’un des conjoints a des problèmes de santé ou de mobilité, et l’autre lui prodigue les soins nécessaires. Souvent, ces conjoints ne se considèrent même pas comme des aidants. Ils disent plutôt que cela fait partie de leur rôle. Par exemple, mon père, qui a joué le rôle d’aidant auprès de ma mère après son accident vasculaire cérébral, me disait : « Cela fait tout simplement partie du rôle de conjoint. C’est ce que cela signifie, quand on promet qu’on sera là l’un pour l’autre “dans la maladie et dans la santé” ».
Bien que ces sentiments soient louables, il ne faut pas oublier un élément important : le fait de prendre soin de son conjoint ou de sa conjointe peut avoir des répercussions tant sur l’aidant que sur la relation elle-même. De nombreuses études fiables révèlent que le fait de prodiguer des soins à long terme peut affecter la santé du conjoint aidant, contribuer à l’apparition chez celui-ci de maladies comme la dépression ou l’anxiété, et rendre les relations plus tendues dans le couple.
Je parle souvent aux aidants de l’importance de reconnaître qu’il n’est peut-être pas raisonnable de se charger seuls de tous les soins dont leur conjoint besoin. En fait, j’ai découvert que les conjoints sont les personnes les plus difficiles à convaincre qu’il n’est pas nécessaire d’être seuls dans ce processus! Parfois, les aidants ont l’impression que le fait de demander de l’aide signifie qu’ils ont échoué. Pourtant, je pense que la meilleure chose qu’un conjoint puisse faire est de veiller à ce que son mari ou sa femme reçoive les meilleurs soins possible; et parfois, cela signifie qu’il lui faut demander de l’aide.
Si vous êtes un conjoint aidant, il peut vous paraître difficile de parler avec l’être que vous aimez de la façon dont cette tâche vous affecte. Vous vous sentez peut-être égoïste d’envisager d’obtenir de l’aide pour prodiguer les soins, recevoir un plus grand soutien émotionnel ou avoir de plus nombreuses occasions de socialiser. En vérité, ce n’est pas égoïste, mais indispensable. La situation de l’aidant ressemble plus à un marathon qu’à un sprint, et pour terminer un marathon, on doit respecter son propre rythme et ne pas s’épuiser avant la fin de la course. Pour réussir à jouer le rôle d’aidant, il vous faut recevoir de l’aide et du soutien, et pouvoir aussi vous reposer.
Pour certains conjoints auprès desquels je suis intervenue à titre de conseillère, la solution a consisté à s’installer dans une résidence pour retraités. En effet, dans une résidence, vous avez accès aux soins et aux services nécessaires pour que votre partenaire puisse maintenir son autonomie et avoir une belle qualité de vie, et la charge du soutien que vous lui apportez généralement au quotidien s’en voit ainsi réduite. De plus, vous pouvez tous deux profiter d’activités sociales et récréatives, comme des cours d’exercice physique, des clubs ou des événements. Un couple que je connais m’a confié qu’ils ont pu retrouver une relation harmonieuse après avoir déménagé dans une résidence pour retraités, car ils ont pu s’extraire de la relation d’aide pour renouer avec une relation d’époux et d’épouse.
Si vous souhaitez emménager dans une résidence pour retraités, mais que vous ne savez pas comment aborder le sujet avec votre partenaire, voici quelques suggestions :
1) Choisissez un moment où vous êtes tous deux relativement détendus et reposés.
2) Expliquez à votre partenaire que vous réfléchissez à des options d’hébergement et de soins qui pourraient vous être bénéfiques à tous deux. J’ai souvent constaté que les gens envisageront de déménager ou d’adopter des options de soins différentes plus volontiers s’ils pensent que cela sera bénéfique pour leur partenaire, que si ce l’est juste pour eux-mêmes! Sachant cela, vous pourriez d’abord parler à votre partenaire des éléments positifs que vous pensez pouvoir en retirer et dont votre mariage pourrait bénéficier, avant de présenter les bienfaits pour votre conjoint.
3) Si votre conjoint a des inquiétudes, écoutez-les attentivement. Souvent, on essaie d’adopter des solutions avant de comprendre ce que l’autre ressent. Lorsqu’une personne se sent vraiment écoutée, elle peut être plus ouverte à de nouvelles idées.
4) Si vous et votre partenaire n’arrivez pas à tomber d’accord sur la solution de soutien la plus adaptée, vous pourriez envisager de demander à une personne de confiance de vous conseiller tous les deux. Cette personne peut être un ami, un membre du clergé ou un travailleur social, comme moi.
À propos de la Dre Amy D’Aprix
Amy est conseillère certifiée auprès des aînés, vice-présidente de la Fédération internationale du vieillissement et cofondatrice du projet Essential Conversations Project. Travailleuse sociale auprès des aînés, elle œuvre auprès d’eux et de leurs familles depuis plus de 30 ans.